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Club de lecture – Lundi 13 mars 2023 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 13 mars de 14h à 15h30

À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…

Compte-rendu du 13 février 2023

Loin / Alexis Michalik
Antoine, 26 ans, avocat bien rangé, fiancé, propriétaire d’un appartement à Paris, appelé à un brillant avenir dans un cabinet d’avocats. Anna, 19 ans, sa petite sœur aussi déjantée que lui est sérieux : drogue, alcool, coucheries multiples avec des hommes comme des femmes. Leur père Charles les a abandonnés à la naissance d’Anna. Laurent, leur ami, journaliste débutant, breton par son père, camerounais par sa mère, donc métisse. À la suite de la découverte d’une carte postale signée de Charles et vieille de plusieurs années, ils vont décider de se lancer à sa recherche. Commence alors une équipée rocambolesque, pleine de rencontres, de révélations et de découvertes, qui va les mener de Vienne à Berlin, en passant par la Turquie, l’Arménie, le Tchad pour Laurent, pour se terminer à Nouméa. Cela a un petit côté jeu de piste, road trip, Tour du monde en 80 jours, voire Les 3 mousquetaires, ou Les aventures de Tintin… En même temps, on parcourt divers pays que la guerre n’a pas épargnés, on rencontre des gens dont la vie a été fort éprouvée, on découvre des paysages et des cultures différentes. L’auteur semble bien documenté. Mais c’est aussi une sorte de voyage initiatique: chacun des trois personnages apprend à révéler son vrai “moi”, parfois bien éloigné de ce qu’il croyait. Lecture divertissante, à un rythme haletant, qui donne la pêche. (présenté par Thérèse)

La comtesse des digues / Marie Gevers
Marie Gevers est une auteure belge, elle a écrit cette histoire en 1931, celle-ci se passant dans les plaines « où l’Escaut est roi », c’est-à-dire en Belgique flamande. 1931, le petit village du Weert, coincé entre l’Escaut et un bras du Vieil Escaut, en amont d’Anvers. Un plat pays de terres d’oseraies et d’argile, et d’eau, et de digues qui protègent les polders des trop fortes marées qui poussent le fleuve vers l’intérieur du pays. La surveillance de ces digues et leur entretien est un travail à part entière, dévolu au « Dyckgraef », le comte des digues, en l’occurrence Jules Briat, apprécié de tous. A la mort de celui-ci, c’est sa fille Suzanne (Zelle Suzanne, Zanne, Zanneke) qui reprend tout naturellement ses fonctions. Mais est-ce possible pour une jeune femme sans l’appui d’un mari ? Suzanne a des envies d’ailleurs, découvrir autre chose et en même temps viscéralement attachée, je dirais même « amoureuse » de l’Escaut. Vaguement amoureuse aussi de l’employé de son père, Tryphon. Suzanne n’est pas une réactionnaire et épouser Tryphon serait une mésalliance. Superbe livre qui parle de notre plat pays avec beaucoup de poésie, qui parle des sentiments avec beaucoup de délicatesse, qui dépeint la vie de cette époque dans un petit village de Flandre avec justesse. (présenté par Odette)

L’Attaque des Titans / Hajime Isayama
Le monde est aux mains des Titans-hommes de grande taille, anthropophages. Les Humains vivent à l’abri de ces effroyables êtres dans une cité cernée d’une haute muraille. Les Humains curieux de découvrir le monde extérieur décident d’attaquer les Titans. Une armée est mise sur pied, recrute des soldats courageux, déterminés, prêts à sacrifier leur vie pour défendre leur cause. C’est la guerre… et ses rebondissements. Nombreux épisodes dans la série de 34 mangas. (présenté par Michèle)

Le colonel ne dort pas / Emilienne Malfatto
Ce court roman (110 pages) se passe dans une ville dont on ne connaît pas le nom, une ville dévastée par la guerre, noyée sous une pluie incessante et où tout est gris. Dans cette ville, arrive un colonel. C’est un spécialiste de la torture, chargé d’interroger les prisonniers ennemis. Il s’acquitte de cette tâche sans en éprouver aucun plaisir. Au contraire, il est hanté par le souvenir de tous ceux qu’il a torturés ou tués, si bien qu’il ne parvient plus à dormir. Le livre est composé en alternance de chapitres dans lesquels un narrateur omniscient décrit la situation de la ville et l’évolution de la guerre, et de monologues du colonel qui, pendant ses longues nuits d’insomnie, s’adresse à ses nombreuses victimes. Ces monologues ont la forme de poèmes et la langue des autres chapitres est aussi poétique. J’ai trouvé ce roman original, et très beau malgré la noirceur du sujet. (présenté par Martine)

Tenir sa langue / Polina Panassenko
Ce premier roman – autobiographique – de l’autrice a obtenu le Prix Femina des Lycéens 2022. L’autrice, née en Russie, a émigré en France avec sa famille en 1993. Elle raconte les souvenirs de sa petite enfance en Russie, son arrivée en France et les difficultés qu’elle a rencontrées en entrant à l’école maternelle (la « materneltchik » disait sa mère) alors qu’elle ne parlait pas le français et ne comprenait pas ce qu’elle venait faire là (elle pensait que les autres enfants étaient des orphelins et qu’ils étaient sourds-muets). Elle raconte aussi le combat judiciaire qu’elle a dû mener pour avoir le droit de faire figurer sur sa carte d’identité française son prénom russe, Polina. Lorsque son père a obtenu la nationalité française, l’administration lui a fait savoir qu’elle était « autorisée » à s’appeler Pauline. Elle est donc devenue officiellement Pauline, alors que sa famille continuait à l’appeler Polina, le prénom russe que sa grand-mère paternelle avait dû adopter pour cacher qu’elle était juive. Lorsque, devenue adulte, Polina a voulu faire figurer son prénom de naissance sur sa carte d’identité, elle a appris qu’en fait, elle était obligée de porter son prénom francisé à l’exclusion de tout autre. Ce n’est qu’à l’issue d’une longue procédure judiciaire qu’elle obtiendra finalement satisfaction. Ce roman est tour à tour drôle (en particulier lorsque l’autrice décrit son arrivée en France vue à travers ses yeux d’enfant) et émouvant (lorsqu’elle parle de la perte de sa mère et de ses grands-parents). Il permet de comprendre la situation des émigrés qui sont pris entre deux langues et deux cultures et qui restent attachés à leurs origines, même lorsqu’ils sont parfaitement intégrés. (présenté par Martine)

Vénus Khoury-Gata
Alors que Vénus Khoury-Gata dans « Ce qui reste des hommes » m’avait beaucoup ébloui, j’ai tenté de retrouver cette écriture dans « La maison des orties » qui m’a paru confuse dans ses souvenirs autobiographiques. Dans « La fiancée était à dos d’âne » , j’ai trouvé un récit intéressant à propos d’une tribu nomade juive en Algérie de 1840, dont une fille est envoyée à Abdelkader comme épouse pour conjurer le sort de la communauté suite au massacre de Mascara quelques années auparavant. Mais rien de la trempe du premier roman cité. (présenté par Anne-Françoise)

Un bonheur que je ne souhaite à personne /Samuel le Bihan
Samuel le Bihan, comédien breton, père d’une fille autiste, il se base sur des témoignages de femmes qu’il a rencontrées dans les associations qui se démènent pour faire bouger les choses. Il y a des vidéos sur le net où il présente son livre. « Être heureux, ça s’apprend ? » Laura, jeune mère de deux garçons dont un autiste, se pose cette question le jour où elle comprend qu’elle est en train de passer à côté de sa vie. Forte de son amour inépuisable et de sa détermination face au handicap de son fils, elle a très vite choisi de ne pas subir mais d’agir. Seule contre tous, elle va loin, jusqu’à basculer dans l’illégalité pour obtenir de menues victoires. Mais ne s’oublie-t-elle pas trop dans cet éprouvant combat qu’elle mène au quotidien ? Où retrouver ce bonheur qui paraît s’être envolé ? Alors que le fragile édifice qu’elle a construit menace de s’effondrer, une rencontre inattendue s’offre comme une chance de sauver les siens. Saura-t-elle la saisir ? Un bonheur que je ne souhaite à personne, véritable hymne au sexe dit « faible », fait apparaître avec une grande sensibilité combien l’adversité et une maternité à part peuvent transcender une femme. Extrait : « L’essentiel est de faire de ce qui nous arrive quelque chose de beau, c’est notre seule chance de nous en sortir. Si je ne choisis pas ce qui m’arrive, c’est encore moi qui choisis la façon dont je le vis. À force d’épreuves, j’ai compris qu’il fallait prendre le bonheur là où il se trouve. C’est cela ma vraie victoire: celle d’avoir appris à être heureuse. » (présenté par Edith)

Un bref instant de splendeur / Ocean Vuong
Un roman autobiographique sous la forme d’une longue lettre d’un fils à sa mère. Le Washington Post l’a qualifié de meilleur ouvrage de l’année 2019. Il obtient la bourse MacArthur la même année. Ocean Vuong, né en 1988, est un poète, essayiste et romancier. Il est le petit-fils d’un soldat américain et d’une fermière vietnamienne, le fils d’une métisse contrainte à l’exil. Il est transféré en 1990 avec sa famille dans un camp de réfugiés aux Philippines avant de pouvoir gagner les États-Unis, où il grandira à Hartford, Connecticut. Ocean Vuong est professeur adjoint et enseigne le programme de master en poésie et écriture de l’Université de Massachusetts-Amherst. Il vit à Northampton, Massachusetts. Extrait : « Je ne sais pas ce qui m’a poussé à suivre la voix de la créature blessée, mais j’étais attiré, comme si on me promettait une réponse à une question que je ne possédais pas encore. On dit que si on désire quelque chose assez fort, on finit par en faire un dieu. Mais si tout ce que j’ai jamais voulu, c’était ma vie, maman ? Je repense à la beauté, à ces choses qu’on chasse parce qu’on a décidé qu’elles étaient belles. Si la vie d’un individu, comparée à l’histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cils, comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c’est ne connaître qu’un bref instant de splendeur. Exactement comme en ce moment, alors que le soleil pointe, bas entre les ormes, et que je ne fais plus la différence entre lever et coucher de soleil. Le monde, rougeoyant, m’apparait identique – et je perds toute notion d’est et d’ouest. Les couleurs ce matin ont la teinte élimée de ce qui est déjà sur le départ. Je pense à la fois où Trev et moi étions assis sur le toit de la remise, à regarder le soleil sombrer. Ce n’était pas tant son effet qui me surprenait – cette façon de changer en quelques instants compressés, la perception qu’on a des choses, y compris de nous-mêmes -, c’était le fait même qu’il me soit donné de le voir. Parce que le coucher de soleil, comme la survie, n’existe qu’à l’orée de sa propre disparition. Pour être magnifique, il faut d’abord être vu, mais être vu permet que l’on vous chasse. » (présenté par Edith)

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 13/03, 17/04, 15/05, 19/06 de 14h à 15h30.

Vous êtes les bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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