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Club de lecture – Lundi 15 mai 2023 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 15 mai de 14h à 15h30

À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…

Compte-rendu du 17 avril 2023

Babylone / Yasmina Reza
Une soirée entre amis, une fête de printemps dans un petit appartement de la banlieue parisienne… Elizabeth, la narratrice, insiste pour qu’elle et Pierre, son mari, y invitent aussi leurs voisins du dessus, la soixantaine comme eux, mais qui ont un petit quelque chose de piquant, d’intéressant qui ne manquera pas de plaire à leurs amis de toujours : la femme, Lydie, rousse pythonisse habillée en gipsy, chante dans les bars jazzy quand elle ne dit pas l’avenir à quelques paumés dans son cabinet de voyante, ensuite l’homme, Jean-Lino Manoscrivi qui est la gentillesse même. La soirée se passe plutôt bien, arrosée et rieuse : Jean-Lino se taille même un petit succès en moquant gentiment sa compagne, entichée de poulets bios élevés en plein air et perchant librement… Mais au milieu de la nuit, c’est le drame. Jean-Lino revient et réveille ses voisins et amis : dans un coup de folie, il a étranglé Lydie. Tout le récit de Yasmina Reza oscille entre deux pôles : la satire sociale et le polar. Babylone est d’abord le récit comique d’une soirée bobo où les propos se télescopent joyeusement, au rythme des bouteilles qui se vident, où les portraits esquissés des convives sont autant de caricatures enlevées et savoureuses. Le deuxième pôle est donc celui du thriller. Mais étonnamment les causes de ce coup de folie aux conséquences dramatiques sont dérisoires : une envie de faire rire, un peu d’exagération, un mime maladroit mais pas malintentionné et tout part en vrille. Après les mots pour rire, les mots qui blessent, et enfin les gestes qui tuent. Le minime, le dérisoire, le banal débouchent brutalement sur la tragédie, mais là encore Yasmina Reza surprend : Elizabeth et Jean-Lino errent entre palier, ascenseur et cage d’escalier, en pyjama et pantoufles, avec une très voyante valise rouge, sans se décider à rien, qu’à échanger sur leur mutuelle solitude. Le titre est tiré des Psaumes (Exil) : « Aux rives des fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion. » (Résumé et commentaire extrait de Babelio, présenté par Odette)

Gabriële / Anne et Claire Berest
Claire Berest nous raconte la vie de son arrière arrière grand-mère, Gabriële Buffet. Mariée à Francis Picabia, maîtresse de Marcel Duchamp et grande amie du poète Apollinaire. À l’origine, elle est férue de musique. Son éducation a lieu à Berlin, notamment. Mais, par son mariage, sa grande influence sur Picabia et son œuvre, sa vie sera longue, tumultueuse et bien remplie. Elle aura quatre enfants dont l’éducation ne sera pas vraiment une priorité. Vie en France, en Suisse, à New York, tout azimut, elle sera capitale dans l’organisation de ses expositions… Précurseurs de l’art moderne, retenons « Caoutchouc », œuvre de Picabia, et aussi « La mariée  » de Duchamp. (présenté par Geneviève)

Elon Musk, l’homme qui invente notre futur / Luc Mary
Par spaceX, ses fusées réutilisables dans l’avenir, Elon a l’objectif de conquérir l’espace et de nous envoyer vivre prochainement sur la planète Mars… Bien documenté, cet ouvrage retrace l’évolution de son espace mais aussi ce qui nous attend ici sur terre… (présenté par Geneviève)

Oh, Canada / Russel Banks
Leonard Fife était un documentariste renommé. Il a quitté les USA pour le Canada à la fin des années 60, comme beaucoup de jeunes Américains qui ne voulaient pas être envoyés au Vietnam. Souffrant d’un cancer en phase terminale, il a accepté de se laisser filmer par Malcolm, un de ses anciens élèves, dans une sorte d’interview-testament. Mais il a posé ses conditions : seul son visage doit être éclairé, son corps restant dans l’obscurité, et sa femme doit être présente en permanence. Au lieu de répondre aux questions de Malcolm concernant sa conception du cinéma et sa carrière, Léo s’adresse à sa femme. Il confesse qu’il a menti sur son passé, qu’il a eu deux femmes et des enfants qu’il a abandonnés pour recommencer une vie plus conforme à ses ambitions artistiques. Même son objection à la guerre du Vietnam était un mensonge qui lui a permis d’émigrer au Canada. Ce long monologue est régulièrement interrompu par l’équipe technique, par Malcolm qui essaie en vain de le faire parler de sa carrière, et par son infirmière qui veut qu’il se repose. Aucune des personnes présentes ne semble intéressée par sa confession. Sa femme elle-même minimise ses révélations en expliquant que la chimiothérapie a altéré sa mémoire et que son cerveau fabrique de faux souvenirs pour remplacer ceux qu’il a oubliés. Elle tente à plusieurs reprises d’interrompre le tournage car elle craint que la diffusion de ce film nuise à l’image de son mari. Mais Leo sait que sa mort est imminente et il tient à aller au bout de sa confession. Toutefois, son récit devient de plus en plus confus, il passe d’un souvenir à l’autre sans aucune cohérence et sans qu’on sache si ces souvenirs sont réels ou non. Je n’ai pas vraiment apprécié ce roman, qui nous fait pénétrer dans la tête d’un mourant, pousse à s’interroger sur sa propre mort et sur ce qu’on laissera derrière soi. Je l’ai trouvé très long et déprimant, et aussi frustrant car on ne connaît vraiment aucun des personnages, ni Leo parce qu’on ignore si ce qu’il raconte est vrai ou si ce sont des affabulations, ni les autres parce qu’ils sont caricaturaux (le cinéaste voyeur, l’infirmière dévouée). Une déception. (présenté par Martine)

Ce qu’il advint du sauvage blanc / François Garde
Narcisse Pelletier, le « sauvage blanc » avait 18 ans quand il fut abandonné sur une plage du nord-est de l’Australie en 1858. Il y vécut pendant 17 ans avec une famille d’aborigènes, jusqu’à ce qu’il soit ramené à la civilisation. À partir de cette histoire vraie, François Garde a écrit un premier roman récompensé par plusieurs prix, dont le Goncourt en 2012. Le récit alterne habilement entre la vie de Narcisse avec la tribu aborigène et celle de son retour parmi la civilisation européenne, ce qui donne du rythme au roman. D’un côté, on assiste donc à la « dé-civilisation » d’un homme, désespéré au départ lorsqu’il prend conscience de son réel abandon, et à ses difficultés d’intégration au sein de cette tribu, qui l’accepte mais le relègue au rang des enfants. De l’autre côté, 17 ans après, le retour à la civilisation se passe moins bien, malgré les efforts de son tuteur. Ce dernier espère, avec cette mission, être utile à la science mais ces idées modernes vont se heurter à l’incompréhension de ses pairs, de sa famille et à la mauvaise volonté de Narcisse qui refuse de raconter sa vie de naufragé car pour lui, « Parler c’est comme mourir ». Ce récit aurait été plus intéressant s’il n’avait pas été aussi empreint de clichés de la société scientifique du 19ème siècle, nous montrant ces tribus aborigènes comme des sauvages laids et barbares, avec une vie culturelle limitée. L’auteur lui-même avoue ne pas s’être documenté sur les us et coutumes des aborigènes. Dommage… Ceci dit, un roman agréable à lire, même si certaines choses m’ont paru invraisemblables, que je ne nommerai pas pour vous laisser découvrir par vous-mêmes. (présenté par Edith)

Les pantoufles – Michel Fouassier
Un homme sort de chez lui en pantoufles en oubliant les clés à l’intérieur de son appartement. Ce court roman ne se raconte pas, il se lit .Comment réagissent ses collègues de travail, sa famille et même les forces de l’ordre face à la situation ? Comment vit cet homme toute la journée en pantoufles ? Amusant, drôle, et sans doute proche de la réalité. On y apprend l’origine des charentaises apparues fin du 17ème Siècle. (présenté par Michèle)

Élise sur les chemins / Bérengère Cournut
C’est la vie d’une fratrie dans la forêt, inspirée de la vie d’un anarchiste et géographe Elisée Reclus (1830-1910) . Une des sœurs va à la recherche de ses deux grands frères partis à la ville pour étudier l’horticulture. Cette œuvre poétique qui, soit en prose soit en vers, donne le beau rôle à la nature et aux créatures mythiques qui la peuplent et interagissent avec les humains. Un réel vent de fraîcheur pour le lecteur. A la fois ode à la nature, conte satyrique, ballade poétique, récit merveilleux… Extrait : « Pourquoi l’amour picote ? Pourquoi l’amour rend sotte ? Parfois, j’ai envie de me cacher. Alors je descends jusqu’à la rivière. Je cherche mon trou de vipère. Je m’y enfouis et je m’y terre. » (présenté par Anne-Françoise)

Ce qu’il faut de nuit / Laurent Petitmangin
Les personnages actuels vivent en Lorraine française, dans un milieu industriel où militants socialistes côtoient ceux du Front national de Marine Le Pen. Le père actif à la section du PS tente de se rapprocher de ses deux fils après la mort de leur mère. L’avenir du grand devient sombre, une fois qu’il semble se rapprocher de skinhead. Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir. Ce livre est récompensé par le prix Stanislas 2020. (présenté par Anne-Françoise)

Le train des enfants / Viola Ardone
Naples, fin des années 40. Le narrateur, Amerigo, est un enfant de 7 ans vivant seul avec sa mère, trop pauvre pour lui payer des chaussures et même pour l’envoyer à l’école. C’est la débrouille pour survivre, petits travaux, récolte de vieux vêtements… Mais en même temps, il y a les voisins, galerie de personnages plus folkloriques les uns que les autres, et les copains. Le parti communiste va mettre sur pied une opération permettant aux enfants les plus pauvres de partir quelques mois dans le Nord; accueillis par des familles plus nanties. Là, près de Bologne, Amerigo va découvrir non seulement le bonheur d’avoir des vêtements propres et le ventre plein, mais aussi de s’ouvrir à la culture, d’aller à l’école, d’apprendre à jouer du violon, et surtout d’avoir une famille aimante, qui lui manifeste de la tendresse. Le retour à Naples sera difficile, l’enfant se heurtant à l’apparente indifférence de sa mère. Après une dispute, il décidera de s’enfuir tout seul pour rejoindre sa famille adoptive. La dernière partie se déroule dans les années 90, soit près de 50 ans plus tard, où Amerigo revient à Naples après la mort de sa mère. Il retrouve avec nostalgie les lieux de son enfance, et réalise combien sa relation avec sa mère était faite de non-dits et de malentendus. Un très beau roman, souvent poignant, basé sur des faits historiques. (présenté par Thérèse)

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 15/05, 19/06 de 14h à 15h30.

Vous êtes les bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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