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Club de lecture – Lundi 11 décembre 2023 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 11 décembre de 14h à 15h30

À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…

Compte-rendu du 13 novembre 2023

Lucienne et le poète ottoman : un amour dans les ruines d’un empire / Can Dündar
C’est le récit, basé sur leur correspondance croisée, de la rencontre et de la relation mouvementée de la liégeoise Lucienne Sacré (18 ans) et de Abdulhak Hamid (60 ans), ambassadeur otttoman à Bruxelles, dit « Le Poète Suprême », considéré comme le « Shakespeare turc », leur mariage en 1912 et de leur vie commune jusqu’à la mort du mari en 1937. Lucienne demeure en Turquie jusqu’à son propre décès en 1966. Ils ont donc traversé ensemble un pan d’histoire crucial et cruel, pour la Turquie et bien au-delà. La grande Histoire se devine à travers leurs lettres, et elle nous concerne tous. (présenté par David)

Le cœur synthétique / Chloé Delaume
Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Elle découvre qu’elle a 46 ans et n’a qu’une idée, pourtant, se marier au plus vite. Entourée de ses amies, elle tente d’apprivoiser le célibat, tout en travaillant dans une grande maison d’édition. (présenté par Geneviève)

L’épaisseur du cheveu / Claire Berest
Étienne est correcteur dans l’édition. Avec sa femme Vive, il forment depuis dix ans un couplé solide et amoureux. Parisiens éclairés qui vont de vernissage en concert classique, ils sont l’un pour l’autre ce que chacun cherchait depuis longtemps. Mais quelque chose va faire dérailler cette parfaite partition. Ce sera aussi infime que l’épaisseur d’un cheveu, et aussi violent qu’un cyclone qui ravage tout sur son passage. (présenté par Geneviève)

L’espèce fabulatrice / Nancy Huston
Essai très parlant en 2008, bien avant Sapiens de Hariri, qui démontre la part de fiction dans l’espèce humaine à contrario des autres espèces animales. « Ils disent, par exemple : Apollon. Ou : la Grande Tenue. Ou : Râ, le dieu Soleil. Ou : Notre Seigneur, dans Son infinie miséricorde. Ils disent toutes sortes de choses, racontent toutes sortes d’histoires, inventent toutes sortes de chimères. C’est ainsi que nous, humains, voyons le monde : en l’interprétant, c’est-à-dire en l’inventant, car nous sommes fragiles, nettement plus fragiles que les autres grands primates. Notre imagination supplée à notre fragilité. Sans elle – sans l’imagination qui confère au réel un sens qu’il ne possède pas en lui-même – nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dinosaures. » (présenté par Anne-Françoise)

La végandelle / Laurent Bayer
Présentation de l’éditeur. J’ai beaucoup ri et souri en découvrant cet ouvrage et, pourtant, je ne lis que rarement des nouvelles, préférant les romans. Le style est riche, élégant, l’auteur joue avec les mots, les sonorités, les graphies et il nous plonge dans le Bruxelles d’aujourd’hui : on sent que Laurent Bayer aime sa ville et sait en parler, sans en occulter les faces moins reluisantes. Il parvient vraiment à capturer cette ambiance si particulière qui règne dans notre capitale. Bref, si vous n’avez pas encore eu la chance de découvrir ce recueil de nouvelles, foncez ! Hâte de découvrir les prochains livres de cet auteur bruxellois… (présenté par Sophie)

La Déraison / Agnès Martin-Lugand
A 43 ans, les jours de Madeleine sont comptés. Jusqu’ici, c’est avec son époux Vasco qu’elle gère une agence de voyages. Elle retourne avec Lisa, sa fille, dans la maison de son enfance où elle a vécu avec ses deux sœurs. Maison construite dans les années 1970. C’est là que Madeleine se raconte à Lisa. C’est grâce à sa tante Sophie qu’elle a appris à jouer du piano. En parallèle, c’est l’histoire de Joshua, pianiste comme son père, qui habite non loin de la maison des trois sœurs. Joshua y retourne avec son fils Nathan. Madeleine et Joshua, Lisa et Nathan. Émois amoureux, souvenirs, réalité, exprimés avec beaucoup de finesse et d’intensité. (présenté par Michèle)

Veiller sur elle / Jean-Baptiste Andrea
Prix Goncourt, et prix du roman Fnac, 2023. Une magnifique histoire d’amour impossible et d’amitié indéfectible entre deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Mimo (Michelangelo Vitaliani) est né en France, de parents italiens immigrés et pauvres. En 1916, après que son père ait été tué à la guerre, sa mère le renvoie en Italie et le confie aux soins de l’oncle Alberto, sculpteur de pierre médiocre, alcoolique et brutal qui méprise Mimo, se moque de lui en raison de sa petite taille (il est atteint de nanisme), et le cantonne à des tâches sans intérêt alors qu’il est extraordinairement doué – il deviendra d’ailleurs un des sculpteurs les plus réputés d’Italie. Dans le village de Pietra d’Alba, où il vit avec son oncle, il rencontre Viola, la fille cadette de la riche et toute-puissante famille Orsini, impétueuse, brillante et très moderne (trop pour l’époque), mais prisonnière des préjugés de l’époque et du rôle réservé aux femmes. Contre toute attente, une relation étroite se noue entre Mimo et Viola, qui ne peuvent vivre ensemble ni rester longtemps séparés. Elle l’inspirera tout au long de sa vie d’homme et d’artiste. Mimo, sur le point de s’éteindre dans un monastère où il a passé la dernière partie de sa vie à veiller sur sa dernière œuvre, enfermée là par ordre du Vatican, se souvient de sa vie et de sa relation avec Viola, qui a traversé un demi-siècle d’histoire de l’Italie, marqué par deux guerres mondiales et des années de fascisme. Un extrait de la critique de Lire magazine (numéro de septembre 2023) : « Révélé en 2017 avec « Ma Reine » et salué par le grand prix RTL-Lire Magazine littéraire pour « Des diables et des saints », Jean-Baptiste Andrea séduit une fois encore par l’élégante sobriété de sa plume. Avec « Veiller sur elle », il réaffirme son aisance à écrire l’art, à le mêler à la narration de la construction de soi et des souvenirs d’enfance. A travers ces quelques 600 pages, l’auteur livre un récit à la première personne rapportant les longues confessions de Mimo, alors âgé de 82 ans, moribond, qui se repasse le film de sa vie. Et quel film ! Andrea laisse d’ailleurs transparaître son expérience dans le cinéma avec cette histoire éclatante, très visuelle, où la puissance de la narration tient à la délicatesse du style, qui permet au roman d’éviter l’écueil de la mièvrerie pour se lover dans le flamboyant, le romantique – l’humour aussi, sans jamais tomber dans le tire-larmes. Les pierres aux accents rosés de Pietra d’Alba, la villa de la famille Orsini, le sourire moqueur de Viola et le parfum des orangers façonnent un décor italien éblouissant, tempéré par le réalisme des bas-fonds de Florence et de Rome, les intrigues du Vatican et l’atmosphère anxiogène de deux guerres mondiales. En toile de fond de « Veiller sur elle », rien de moins qu’un demi-siècle d’histoire, qu’Andrea croise habilement avec la fiction pour construire une fresque vibrante et hautement romanesque. » Un véritable coup de cœur, dont je recommande chaudement la lecture. Un de ces livres qu’on referme à regret. (présenté par Martine)

Beyrouth-sur-Seine / Sabyl Ghoussoub
Beyrouth-sur-Seine est le titre du livre pour lequel l’écrivain, journaliste, photographe et commissaire d’expositions, Sabyl Ghoussoub a reçu le prix Goncourt des Lycéens en 2022. C’est son troisième roman et il a tout pour plaire aux jeunes (et moins jeunes) : la verve, l’émotion, la colère, la drôlerie et bien sûr la quête de racines d’un jeune homme qui est né et a grandi à Paris (en 1988) entre des parents libanais en exil et qui lui ont transmis pour ce pays l’amour et la colère. Il définit son livre comme une histoire d’exilés et de guerre dans laquelle tout le monde peut se retrouver car l’histoire du monde en est faite. Son histoire exprime un sentiment d’éloignement du pays et de la famille et beaucoup d’entre nous peuvent comprendre ce sentiment. Il aborde une multitude de sujets dans ce livre : la guerre (oups, je devrais dire les guerres) du Liban, ses parents vivant à Paris et l’amour et l’actualité du Liban et sa souffrance contemporaine. Il exprime aussi la colère transmise par son père de voir le Liban sombrer, ainsi que sa frustration de ne pas avoir pu changer les choses. Le livre rend un bel hommage à ses parents, qui ont quitté le Liban en 1975, et qui ont recréé une sorte de Beyrouth à Paris (leur terrasse est pleine de plantes, d’herbes aromatiques et de fleurs du Liban). Ses parents sont artistes, le papa est metteur en scène de théâtre, poète, traducteur et journaliste, la maman travaille dans une galerie d’art. L’auteur a grandi en lisant les pièces de son père. Le livre est empreint d’humour, la dernière et meilleure arme des Libanais selon l’auteur et chez lui, on passe du sourire aux larmes en quelques instants. Il décide d’interviewer ses parents pour comprendre d’où il vient et les connaître vraiment. Il les interroge d’abord timidement, n’osant pas leur poser certaines questions mais peu à peu il prend de l’assurance et fait également des recherches parallèles et interroge d’autres membres de la famille. C’est un roman facile à lire, les chapitres sont courts et malgré les renseignements historiques et les informations pas trop difficiles sur le Liban, on s’y perd quand même tant l’histoire de ce pays est fascinante mais néanmoins compliquée ! Ce qui est surtout intéressant dans ce livre, c’est le récit intime et le cheminement de l’auteur. C’est un roman sur l’exil, l’identité et la famille mais c’est surtout une magnifique déclaration d’amour d’un fils à ses parents (et à leur pays d’origine). La mère dit : « Je veux vieillir et mourir au Liban et nager tous les jours jusqu’à l’infini. ». Le père dit : « Peut-être qu’au cimetière du Père-Lachaise, je me sentirai enfin chez moi. ». L’auteur dit : « Mes références viennent d’ailleurs et beaucoup du monde arabe, pourtant j’ai grandi en France. J’ai alors l’impression bancale d’avoir grandi ailleurs tout en ayant grandi ici. Je suis né à Beyrouth dans une rue de Paris. » (présenté par Rosaria)

Magda / Mazarine Pingeot
Magda est d’origine allemande, et garde un silence total sur son passé. Elle vit paisiblement avec Guillaume, un petit agriculteur des Pyrénées atlantiques. Ils ont deux enfants : Alice, qui a quitté la maison depuis longtemps, et vit dans une communauté d’autonomes assez radicaux avec sa fille Rosa, et Ezechiel, leur fils handicapé de presque 30 ans. Ils vivent en retrait du monde, ne fréquentant personne et vivant proches de la nature. Un jour ils apprennent qu’Alice est accusée d’avoir participé à une action terroriste et a été arrêtée avec son compagnon. Magda et Guillaume prennent en charge la petite Rosa. Le procès d’Alice suit son cours, très lentement. L’argent venant à manquer, Guillaume et Magda transforment une partie de leur ferme en gîte, et à cette occasion le passé de Magda refera surface. Sujet original et très intéressant. Malheureusement, l’auteur n’arrive jamais à susciter l’empathie, et tout sonne faux. Il y a de longues discussions politico-philosophiques qui alourdissent le récit, le rendant invraisemblable. On ne sent jamais l’inquiétude des parents, ni d’ailleurs leur joie, tout se noie dans des considérations intellectuelles. Mazarine Pingeot tient à nous rappeler qu’elle est agrégée de philosophie et professeur d’université, et semble incapable d’insuffler à ses personnages une véritable humanité. Quel dommage ! (présenté par Thérèse)

Ce qu’il faut de nuit / Laurent Petitmangin
C’est l’histoire d’un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l’importance à leurs yeux, ceux qu’ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes. Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir. Ce livre est récompensé par le prix Stanislas 2020. “Peut-on pardonner à son enfant lorsqu’il s’éloigne des valeurs qu’on lui a transmises, lorsqu’il commet un acte terrible ? L’auteur n’apporte pas des réponses toutes faites, il ne surexplique pas pour mieux nous plonger dans la tête de ce père plein d’amour et de honte. On peut perdre le contrôle de sa vie en croyant jusqu’à présent s’être efforcé d’avoir tout fait au mieux. On peut tout perdre aussi lorsqu’on ne parvient pas à pardonner et que cette impossibilité se transforme en écharde dans votre vie. Tout est juste dans ce roman, tout est nuancé et humblement dit.” (Babelio) Un coup de coeur. (présenté par Edith)

Quelques autres livres évoqués :
Un paradis trompeur / Henning Mankell
Continuer / Laurent Mauvignier
Le monde d’hier / Stefan Zweig
Mapuche / Caryl Ferey
Le cri de la mouette / Emmanuelle Laborit

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 11/12 de 14h à 15h30.

Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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