Histoires de la nuit / Laurent Mauvignier
En attendant de me plonger dans le Goncourt, je me suis laissée prendre par les longues phrases de ce thriller psychologique, gros, lui aussi, de ses 640 pages. Après une mise en situation et une description de l’endroit, l’action va se dérouler en huis-clos, le temps d’une soirée. Dans un hameau de 3 habitations, il y a une maison inoccupée, la maison-atelier d’une artiste peintre excentrique sexagénaire, et une ferme. Dans la ferme vivent le Père, bourru, renfrogné, frustré, (trop) amoureux de sa femme, la Mère distante, (trop) belle, mystérieuse qui travaille en ville et sort le we avec ses collègues, et une Enfant de 10 ans, au coeur de ce couple mal assorti. Alors que la voisine, le père, et la petite fille préparent une fête d’anniversaire pour la mère retenue à son travail, des intrus s’installent dans la maison, comme s’ils étaient en pays connu. Commence alors un suspense infernal ( qui sont-ils ? quand vont-ils partir ? que veulent-ils ? ils connaissent Maman ! ). Au cours de cette séquestration haletante, où on avance au ralenti, comme en apnée, dans un style cinématographique et pointilliste , le passé de la mère sera progressivement révélé. Au travers des personnages analysés avec finesse et sensibilité, seront abordés des thèmes comme le poids du silence, les peurs, les rancunes, la vengeance, les traumatismes du passé. C’est un exploit de tenir un lecteur en haleine, en autant de pages, pour raconter juste une soirée !! (présenté par Anne)

Quitter la vallée / Renaud de Chaumaray
Le roman se passe le long de la Vézère, en Dordogne, pays de forêts denses, de rivières et de grottes, certaines peintes comme Lascaux. Nous suivons 3 histoires différentes, se passant dans le même environnement. Clémence, jeune femme qui a fui avec son fils de 6 ans,Tom, les violences de son mari et a loué une maisonnette perdue dans les bois. Fabien, dont le rêve secret a toujours été de découvrir une grotte ornée de peintures préhistoriques, et qui explore des cavités en compagnie de sa fille Johanna. Guilhem, jeune paysan ,qui exploite sa ferme sans enthousiasme, qui s’occupe de sa mère atteinte d’Alzheimer; et qui tombe amoureux d’une touriste, Marion. Comment ces trois histoires parallèles, qui n’ont apparemment en commun que la vallée de la Vézère, vont-elles finalement se rencontrer ? C’est tout le charme de ce roman, à la fois très poétique et construit comme un thriller. Je ne connaissais pas cet écrivain, et sa découverte m’a enchantée. (présenté par Thérèse)

Tata / Valérie Perrin
Ce roman de 600 pages commençait bien. On annonce à Agnès que sa tante Colette est décédée. Elle la croyait, cependant, déjà décédée depuis trois ans. Que s’est-il passé ? C’est le début d’un genre policier. Il y a beaucoup de hasards dans ce livre. La tante a enregistré une vingtaine de cassettes pour lui raconter sa vie. Elle est cordonnier et participe au club de foot du village. Valérie Perrin brasse à travers ses personnages une multitude de thèmes : femmes battues, maltraitance enfance, pauvreté, pédophilie, alcoolisme, monstres de foire, cirque, adoptions, homosexualité, sida, musique … Elle souhaite ne pas oublier les victimes et en parle aux lecteurs. Bonne lecture. (présenté par Geneviève)

La loi des Sames / Lars Pettersson
Roman policier passionnant qui nous fait découvrir les coutumes, la vie en Laponie norvégienne avec tout le poids du passé, des coutumes et l’omerta. Ana est confrontée à tout cela et essaie d’y voir clair dans la suspicion de viol par son cousin. Elle est fort éloignée de cette vie-là et parle très peu la langue Sami. Elle travaille en Finlande. Mais dans le Nord, la frontière entre les pays est poreuse. L’intrigue est très bien menée. On ne comprend les premières pages qu’à la fin du livre. (présenté par Françoise)

La patience des traces / Jeanne Benameur
Un psychanalyste, Simon, après avoir écouté tant de patients, a besoin de prendre du recul et part sur une petite île du Japon, pour un dépaysement complet. Ce livre parle de la vie et aussi comment vivre avec ses blessures. C’est une longue réflexion sur tout ce qui touche aux blessures également celles liées à l’amitié, à l’amour. Une réflexion sur la parole et la portée que nos mots peuvent avoir sur autrui. Jeanne Benameur y fait un parallèle avec l’art du Kintsugi qui est un art ancestral japonais de réparation des céramiques brisées, qui consiste à recoller les morceaux avec une laque mélangée à de la poudre d’or (ou d’argent, de platine, etc.), mettant en valeur les fissures au lieu de les cacher. Un livre qui ne se lit pas d’une traite, mais qui fait du bien si l’on se laisse imprégner et bercer par l’histoire. (présenté par Odette)